En ce qui concerne les coûts qu’exigent MasterCard et Visa pour tout achat en ligne, certaines PME ont déclaré qu’ils sont nettement supérieurs à ceux en vigueur dans plusieurs pays occidentaux.
Dans le cadre d’un accord récemment conclu avec Ottawa, Les compagnies de cartes de crédit Visa et MasterCard ont abaissé les frais facturés aux commerçants à une moyenne annuelle de 1,4 %, contre 1,5 % l’année dernière. Toutefois, les associations d’entreprises estiment que ces frais restent nettement supérieurs à ceux de bon nombre de pays occidentaux, notamment pour les achats numériques.
La FCEI, à savoir la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, déclare que les commerçants dépendant des achats en ligne sont deux fois plus nombreux chez ses 100 000 membres que lors du premier grand confinement de mars dernier, atteignant désormais 40 %.
D’après Corinne Pullman, vice-présidente de la FCEI, les petites entreprises sont plus susceptibles de subir une hausse des frais que les grandes entreprises parce qu’elles ne disposent pas des mêmes volumes. De plus, il est évident que les tarifs des services numériques devraient être moins élevés, même qu’ils devraient faire l’objet d’une plus grande clarté et transparence.
Pour Visa et Mastercard, les taux annuels avoisinent en général 1,4 %, mais les frais peuvent différer d’une transaction à l’autre et dépendent de multiples facteurs, notamment de la nature de l’entreprise et de la nécessité ou non de taper un NIP.
L’inégalité du traitement
Selon Karl Littler, vice-président du Conseil canadien du commerce de détail, la hausse des transactions en ligne pompe immanquablement l’argent des commerçants qui, dans le cas contraire, percevraient des revenus plus importants grâce aux paiements en espèces ou par carte de débit.
En se référant aux récents ajustements des frais, il a précisé que Mastercard a procédé à une réduction accrue pour de telles transactions dans les magasins, tout en augmentant les coûts des transactions en ligne. Cela a évidemment des conséquences, car la COVID a transformé le décor.
Pour cette raison, la FCEI et le Conseil du commerce de détail exhortent le gouvernement fédéral à entamer des négociations avec les sociétés émettrices de cartes en vue de réduire les frais. En ce sens, Anna Arneson, porte-parole au sein du ministère fédéral des Finances, a assuré que le gouvernement entend apporter son soutien aux petites entreprises durant la pandémie, mais elle n’a mentionné aucun scénario pour la poursuite des discussions avec ces sociétés.
Selon Visa, les taux de transaction du e-commerce sont plus faibles que jamais, avec des baisses de taux supérieures pour certaines petites entreprises comme les restaurants et les petits commerces. Pour sa part, Mastercard affirme qu’elle tient à honorer son accord volontaire conclu avec Ottawa, dont le taux moyen a été fixé à 1,4 %.
Cartes à privilèges
Selon Werner Antweiler, qui enseigne à la Sauder School of Business à l’Université de Colombie-Britannique, les commerçants se montrent généralement réticents à l’égard des cartes de crédit à privilèges, principalement en raison des frais de traitement excessifs.
En effet, dans un contexte de commerce électronique, la notion consistant à débourser 2 à 3 % par transaction équivaut à une forme de taxe, tandis que cette même transaction occasionne des coûts minimaux bien loin de ces montants et qui sont, en réalité, sans rapport avec le volume de la transaction.
Toujours selon le Conseil du commerce de détail, la baisse du taux moyen, de 1,5 à 1,4 %, ne se traduirait que par une économie de 100 $ par tranche de 100 000 $ de ventes payées par carte de crédit pour les entreprises.
Cette diminution des tarifs avait notamment pour but de prévenir un désavantage concurrentiel important pour les petites entreprises face aux grandes entreprises, lesquelles ont plus de moyens pour se faire entendre dans la négociation de tarifs moins élevés. Par ailleurs, le gouvernement a affirmé que la baisse permettrait d’aider les consommateurs, dans la mesure où les entreprises seront en mesure de maintenir des prix moins élevés.
Au mois de novembre 2014, les deux sociétés (MasterCard et Visa) s’étaient volontairement engagées à abaisser leurs frais effectifs moyens à 1,5 % pour une période de cinq ans, période qui a débuté en avril 2015.
À l’heure actuelle, le ministère fédéral des Finances procède à la révision du code de conduite des sociétés émettrices de cartes de crédit.